Entretien avec Pauline, une
MATERNITY NURSE ON TOP !
Accompagner, conseiller et soutenir les nouveaux parents durant le post-partum et le développement de leur bébé fait partie des missions relevées par les maternity nurses. Ces professionnelles averties s’occupent des nouveau-nés jour et nuit permettant aux parents un « atterrissage » et une reprise tout en douceur. Pauline, est de celles-ci.
Au départ infirmière, sa passion pour les bébés l’a naturellement conduite au métier de maternity nurse. Fine observatrice, elle s’est rendue compte des nouveaux besoins et des demandes de plus en plus nombreuses des jeunes parents, désireux et soulagés de pouvoir retrouver à domicile toute l’expertise d’une puéricultrice durant les premiers mois de bébé. Depuis, elle exerce à son compte ce métier passionnant et aux conditions de travail hors-du-commun. Rencontre !
(BeeBoo) Qu’est ce qui t’a conduit au métier de Maternity nurse?
J’ai toujours été attirée par les bébés, ils me fascinent. Je voulais travailler auprès d’eux. J’ai fait l’école d’infirmière sur La Rochelle avec l’objectif de poursuivre en tant qu’infirmière puéricultrice.
Après mon diplôme validé et avant de rentrer en fonction, j’ai voulu voyager. Je suis partie dans des familles en tant que fille au pair : la nouvelle Zélande, l’île de la réunion, l’Irlande, Los Angeles… J’ai pu parcourir le monde à la découverte de nouvelles cultures et différentes prises en charge de l’enfant.
À mon retour, je signe pour ma première grande expérience en tant qu’infirmière en salle de naissance de nuit à l’APHP. Je voyais de merveilleux accouchements, je côtoyais l’urgence et beaucoup de nouveaux nés passaient devant moi sans que je puisse m’en occuper. C’était frustrant pour moi. J’ai donc retenté les concours de puéricultrice et je suis rentrée à l’école à Paris. De là, il a fallu payer une année d’école, un loyer, me nourrir… j’ai donc postulé pour assurer la garde de nuit de jumeaux et je me suis fais un nom dans le milieu de l’accompagnement de nuit des bébés.
Le rythme est dur mais je suis passionnée et j’oublie ma fatigue, je suis bien auprès des nourrissons la nuit. En parallèle, je me forme au portage physiologique, au massage bébé…
A cette époque, je perçois qu’il y a une demande des familles concernant l’accompagnement des nourrissons et des bébés la nuit. J’ai donc décidé de quitter le milieu hospitalier pour ne plus avoir à intervenir que sur des enfants malades mais aussi prendre en charge un « bébé sain » dans son milieu familial. J’ai découvert le métier de maternity nurse et je me suis mise à mon compte. Depuis, je parcours le monde en accompagnant des familles dans leur quotidien ou leurs vacances. Je découvre la vie dans les palaces, les hôtels 5 étoiles, les room services, les jets privés, les piscines des plus beaux hôtels. Je croise des célébrités, ça me fait toujours sourire. Je n’ai pas l’impression de travailler, juste d’être dans mon élément et faire ce qui me passionne : M’occuper des bébés.
(BeeBoo) Peux tu nous décrire ta journée type en tant que Maternity nurse?
Je suis actuellement avec un bébé de 6 mois allaité en exclusif, qui ne dort pas la nuit et qui pouvait enchaîner à mon arrivée 4 tétées ainsi que des biberons de lait tirés en une nuit. Impossible de le poser dans son lit, il ne dormait qu’au bras jour et nuit.
Je sais que j’ai un travail fou mais je procède par étape. En premier lieu, j’observe le rythme de l’enfant la journée et je rassure la maman fatiguée qui se pose des milliers de questions.
Alors petit à petit j’avance, avec l’objectif d’inverser la tendance pour que le bébé arrête de manger autant la nuit mais qu’il prenne de plus grosse quantité la journée. Je dois aider cette famille à intégrer la diversification, vérifier que le bébé est prêt … C’est dur mais ça fonctionne. Ça ne se fait pas en un jour mais on avance !
Ma journée type
Je commence à 8H chaque matin. Ma pause est de 4h du matin à 8H. Les nuits sont si intenses que j’ai besoin de la fin de nuit pour me reposer. Nous avons trouvé ce rythme avec les parents pour le moment et cela nous convient.
Dès 8h, j’enchaine entre les siestes et l’alimentation. Préparation des petites purées pour le midi et son goûter, promenade au moins une fois par jour voir 2 fois, et le soir, la routine avec le bain, l’histoire et le coucher. La nuit débute, j’ai un peu de temps pour moi pour me doucher, manger mais les journées sont si intenses que je ne traîne pas pour aller m’allonger.
(BeeBoo) Une anecdote de maternity nurse?
J’en ai plusieurs …
Je n’ai pas reconnu une actrice française alors que j’intervenais pour elle depuis déjà 2 semaines pour un sevrage d’allaitement. Elle signait ses messages juste par son prénom et sur sa boîte aux lettres il n’y avait que ces initiales. Un soir elle a parlé d’un tournage où elle allait devoir emmener l’enfant. C’est en voyant son nom et prénom sur une table basse à côté d’elle que j’ai su qui elle était… un peu confuse, je me suis excusée de ne pas l’avoir reconnu tout de suite… ça l’a fait sourire!
– J’ai vécu dans la maison de Madonna sur L.A ! Je m’occupais du bébé de 2 mois d’une famille qui louait cette maison. Pas convaincue au départ de la véracité de l’information, j’ai regardé sur internet et en effet, amusée, j’ai pu reconnaitre la piscine et le terrain de tennis. Peut être ai-je dormi dans le lit de Lourdes ?? 😅
– Mon premier jet privé : mon patron me dit : « Pauline tu viens avec nous à Aspen demain »
– « Bien sûr monsieur, vous me direz juste l’heure du vol afin que je m’organise pour le passage sécurité avec les biberons. »
Je vois à ce moment là qu’il ne saisit pas mon problème.
Le matin tôt, je n’ai toujours aucune information sur l’heure du vol. Je m’organise au mieux. Dans la voiture qui nous mène à l’aéroport, je m’aperçois que nous prenons la direction d’un aéroport privé. Le chauffeur nous dépose sur le tarmac puis nous montons dans le jet privé. De là mon patron me regarde et me lance : «Tu vois c’est facile de voyager comme ça !» En effet, pas de passage sécurité, aucun contrôle des biberons, juste donner mon passeport. C’était mon premier voyage en jet sans savoir que je renouvellerai cette expérience pour de nombreux déplacements.
(BeeBoo) Dans ce métier, quelle est, selon toi, ta valeur ajoutée?
Mes différents diplômes dans le médical, mes formations en puéricultures et mes expériences professionnelles toutes riches d’enseignement par leurs variétés culturelles me donnent une réelle expertise sur le bébé et son développement. J’ai testé et retesté sur beaucoup de bébés, plein de façon de les porter, de les bercer, comment les éveiller, les stimuler, les calmer par le jeu ou les chansons quand ils pleurent.
Et puis mon pouvoir magique :
mon grand sens émotionnel, qui me permet de percevoir beaucoup de choses. J’ai une capacité à observer et à comprendre rapidement les situations, à m’adapter à la demande des familles tout en expliquant ce qui se joue pour le bébé.
(BeeBoo) Qu’est ce qui pourrait être amélioré dans le métier de Maternity nurse selon toi ? Qu’est ce qu’il manque à ce métier pour qu’il soit ou qu’il continue à être le plus beau métier du monde ?
Former … et encore former ! J’ai envie de transmettre mon savoir et mon expertise sur le bébé. Il faut des personnes passionnés pour partager leurs expériences et dire aux futures candidates que ce métier est merveilleux ! Qu’elles vont vivre des choses qu’elles ne pensaient peut être ne jamais faire dans leurs vies. Mais qu’il ne faut pas oubliez que nous sommes là pour apporter toute notre aide et notre soutien aux familles et aux bébés en particulier.
(BeeBoo) Que penses tu de l’ouverture et de l’ambition de la POP.PINS ACADEMY sur Genève qui souhaite former au métier de Maternity nurse ?
Pour avoir vu sur le terrain de sacrées erreurs de personnes qui se prétendent Maternity nurse, il est primordial de cadrer cette profession. Nous avons en charge de tout petits bébés et il ne faut pas qu’un minimum de savoir faire. Il faut être qualifiées, confiantes mais aussi fines et subtiles pour exercer son métier au sein d’une famille.
Intégrer l’intimité d’une famille n’est pas donné à tout le monde. Il faut connaitre les principes de vie et les règles de confidentialité. La discrétion : savoir s’effacer au bon moment, être présente tout en laissant les parents tenir leur rôle de parents et d’autorité. Conseiller sans imposer , proposer des solutions pour les parents, savoir observer… tout cela s’apprend … et l’académie formera je l’espère d’excellentes professionnelles qui interviendront en priorité pour le bien être du bébé.
(BeeBoo) Un grand merci Pauline !
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