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Journée du conte de fée: La Fée d’Évolène

 

Un conte de Fée inspiré de la légende de la Fée d’Évolène.

 

Il était une fois…

Il était une fois, au cœur du canton du Valais, dans la profonde et haute forêt du Val d’Hérens, vivait une fée. Pas une fée en tutu avec une baguette magique, non, une jolie jeune fée aux cheveux d’or et aux yeux bleus fontaine. Elle habitait au milieu des racines et des roches, bien à l’abri dans une grotte ou sous des huttes de feuilles et de branches. Presque invisible au milieu de cette pleine nature qui n’avait aucun secret pour elle.

Bien qu’elle eût pour amis les animaux et les lutins de la forêt, il lui arrivait de plus en plus souvent de se sentir seule et de s’ennuyer ferme. Parfois, quand elle était trop triste, elle s’aventurait à descendre dans la vallée, au plus près du village d’Évolène. Elle adorait observer les enfants jouer et rire, mais elle n’osait plus s’approcher. En effet, il lui était arrivé de bien mauvaises aventures au contact des humains. Ces derniers avaient peur d’elle. Les enfants criaient lorsqu’ils l’apercevaient et les mamans, voyant leurs bambins apeurés, la chassaient en la traitant de « Maudite Fée » ! Cela lui avait causé de trop grands chagrins et depuis, elle préférait rester discrète et lointaine.

 

Un Bonheur à l’Horizon…

Dans ce même village d’Évolène, vivait Antoine, un jeune bûcheron courageux, habile et sage. Ce beau garçon restait toutefois un cœur à prendre. Rêveur et solitaire, il n’était jamais tombé amoureux. Si bien que ses amis, pour plaisanter, lui disaient : « Si personne n’est assez bien pour toi, va donc voir la fée et marie-toi avec elle ! »

De par son métier, Antoine se trouvait souvent dans les bois. Il lui était déjà arrivé d’entrevoir cette créature incroyable aux yeux doux mais au regard triste. Un jour, alors qu’il déjeunait sur une souche de bois, il l’aperçut à quelques mètres, immobile, en plein songe. Malgré l’air mélancolique qu’affichait la sublime fée, il ne pouvait pas laisser passer cette occasion et décida de l’interpeller :

« Hem hem, Bonjour ! »

« Bonjour », répondit fébrilement la fée, surprise et peu rassurée par cette présence humaine.

« Ça va ? Ne soyez pas effrayée, c’est moi qui vous fait peur ? » Antoine enchaînait les questions tout en veillant à rester délicat et rassurant. Il était fasciné par la beauté et la personnalité de cet être magique. « Je n’ai pas l’habitude qu’un humain me salue, c’est d’ailleurs la première fois », poursuivit brièvement la fée. Antoine continua à lui parler, se révélant intéressé et doux à la fois. Les deux, de plus en plus à l’aise, continuèrent à converser, à se conter fleurette, jusqu’à la tombée du jour.

 

La Promesse

Dès le lendemain, le jeune bucheron retourna dans la forêt à la rencontre de sa fée. Le surlendemain aussi, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’Antoine, fou d’amour pour sa dulcinée, la demanda en mariage. Heureuse et conquise, la fée accepta, mais avant, elle lui fit promettre de ne jamais lui crier « Maudite Fée ». Antoine, éperdument amoureux, lui promit et jura que jamais il n’aurait de tels mots pour sa femme.

Très vite après la cérémonie, ils donnèrent naissance à une merveilleuse petite fille, qu’ils décidèrent d’appeler Pervenche. Pervenche, comme le nom de ces petites fleurs violettes qui recouvraient le sol de la clairière dans laquelle ils s’étaient mariés un dimanche de printemps. Ils décidèrent ensemble d’aller habiter dans la vallée, parmi les humains. Leur humilité et leur travail avaient permis à cette charmante petite famille de trouver sa place au milieu des villageois. La fée s’occupait de la petite Pervenche, de son foyer, mais pas seulement… ses talents surnaturels lui permettaient d’entretenir un potager et un verger, assurant ainsi des récoltes providentielles !

“Maudite Fée!”

Malheureusement, ce bonheur éclatant commençait à raviver les plus mauvais esprits… Les langues de vipères étaient de sortie et persiflaient de fausses histoires au sujet de la fée. La rumeur, que dis-je, la calomnie, enflait au point d’arriver aux oreilles d’Antoine. Le jeune père avait vent des ragots qui visaient sa femme. Il entendait les commérages sur les prétendues liaisons qu’elle entretenait avec les hommes du village quand il était en forêt, ou des hommes qu’elle ensorcelait pour se servir d’eux comme main-d’œuvre agricole, et que c’était d’ailleurs pour cela que les moissons étaient si abondantes ! Il devenait de plus en plus difficile pour Antoine d’ignorer ces ragots de poubelle.

Un soir, alors qu’il avait passé une journée particulièrement difficile, il en eut assez d’entendre murmurer à son passage ces racontars, et une fois arrivé chez lui, il explosa de colère. Il accusa sa femme de tromperie, d’abus et de sorcellerie. La fée tentât de le calmer et de le raisonner mais rien n’y faisait, il ne décolérait pas, si bien qu’il finit par lui lâcher un : « Maudite fée » !

Dans la seconde, la fée disparut dans un silence résonnant. Antoine fut soulevé de surprise par le choc de cette disparition. Immédiatement, il se souvint de la mise en garde de la fée, le jour de leurs fiançailles. « Ne me traite jamais de Maudite Fée », se répéta-t-il blême et désemparé… Il se mit à pleurer, à l’appeler, à la chercher dans tous les recoins de leur maison mais ne la trouvant pas, il décida de partir en forêt dans l’espoir de la retrouver. Il passa la nuit entière dans l’obscurité profonde des bois et au petit matin, à bout d’efforts et de souffle, il se résolut à rentrer, désespéré de ne pas l’avoir vue.

Une Fée invisible

Quand il entra chez lui, il fut d’abord surpris par l’odeur de lait et de pain chaud qui sortait de la cuisine, puis s’étonna tout autant de découvrir la petite Pervenche, habillée, lavée et coiffée. Il lui demanda alors qui s’était occupé d’elle ? La petite fille répondit que sa mère était avec elle, jusqu’à ce qu’il entre dans la pièce.

Il en fut ainsi tous les jours, les semaines et les mois suivants. Lorsqu’Antoine était présent dans leur chaumière, la fée n’apparaissait jamais. Ce n’est que lorsqu’il quittait la maison que la fée retrouvait sa fille et leur habitation, s’occupant toujours aussi bien de Pervenche, du foyer et de leurs terres fertiles.

Antoine se désespérait de cette situation, il l’implorait de revenir, la suppliait de réapparaître. Rien n’y faisait, la fée restait invisible à ses yeux. Un soir, il demanda à Pervenche de convaincre sa mère de revenir, de lui laisser une dernière chance.

 

Un Bonheur Éternel…

Le lendemain, Pervenche avait une annonce à faire à son père : « Papa, demain à minuit tu attendras sur le balcon le baiser de ce qui se présentera à toi. Si tu as le courage de l’accepter, maman réapparaîtra. »

Le lendemain à minuit, Antoine se tenait sur le balcon avec l’espoir brûlant de voir réapparaître sa fée. Là, une longue vipère froide et affreuse se hissait et s’enroulait le long de sa jambe, jusqu’à encercler son cou. Sa langue fourchue et nerveuse s’approchait lentement mais précisément de la bouche d’Antoine. Le valeureux bûcheron, suffoquait de terreur mais serrait les dents et les poings. Il était prêt à tout pour la revoir enfin. Et alors que la langue bifide et moite de la bête effleurait ses lèvres, le sifflement froid de l’hideuse créature se transforma en un souffle chaud, enveloppant et floral. La fée venait de réapparaître!

Les deux amoureux se tombèrent dans les bras l’un de l’autre. Pervenche se mêla à eux et ensemble ils s’embrassaient et riaient de se retrouver et de voir le sort rompu. Ils vécurent éternellement heureux, car comme on sait… les fées ne meurent jamais.

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